Rochefort

Les origines

L'arrivée du chemin de fer à Rochefort remonte au 07 septembre 1857. A cette date est en effet inaugurée par la Compagnie du Paris-Orléans (PO) la liaison entre Aigrefeuille et Rochefort, en parallèle de l'ouverture à l'exploitation de la ligne Niort-La Rochelle.

Une première gare est établie à proximité du bassin à flot. Des liaisons sont établies avec La Rochelle par cet itinéraire, mais le long détour ne rend pas les trajets très attractifs puisqu'il faut entre 1h10 et 1h20 pour relier les deux villes, distantes en droite ligne d'à peine 30 km...

Dix ans plus tard, les Rochefortais peuvent enfin se rendre à Saintes : c'est en effet le 15 avril 1867 qu'est ouverte à l'exploitation par la Compagnie des Charentes de la section de ligne en provenance de Saintes. Rochefort se voit donc doter, comme à La Rochelle, d'une seconde gare sise à l'emplacement de l'actuelle.

La gare rochefortaise de la Compagnie des Charentes, au début du 20ème siècle (Coll. ADCM 24Fi53 - Tous droits réservés)

 

Cependant, il est temps de boucler la ligne Atlantique, et c'est enfin le 29 décembre 1873 que la Compagnie des Charentes boucle le tronçon La Roche sur Yon-Saintes en ouvrant à l'exploitation la section La Rochelle-Rochefort : cette dernière ville est donc enfin reliée directement à sa grande voisine rochelaise.

Grand port militaire abritant depuis le 17ème siècle d'importants arsenaux de la Marine Royale puis Nationale, mais aussi important port de commerce, Rochefort va voir sa gare vivre durant plus d'un siècle au rythme du trafic générés par les nombreuses garnisons et écoles militaires qui y sont installées, mais aussi du trafic généré par les rotations des bâtiments venant mouiller au port de commerce après avoir remonté le cours de la Charente sur quelques kilomètres.

Aussi, et pour répondre à la voisine rochelaise qui vient de se doter d'une gare monumentale sur l'itinéraire La Roche sur Yon-Saintes, Rochefort va voir sont bâtiment voyageurs totalement transfiguré par une reconstruction totale décidée par l'Etat, qui a racheté la Compagnie des Charentes en 1878.

Démarrés en juin 1912, les gros travaux vont durer 10 ans : si le gros oeuvre est terminé en 1914, il faut attendre la fin des hostilités pour que la gare soit totalement achevée. Le nouveau bâtiment est inauguré en 1922 (la même année que La Rochelle !) dans la forme qu'il connaît encore actuellement. Bien que moins grandiose que celui de La Rochelle, il est cependant assez imposant et se voit associer une belle marquise côté voies.

Le développement de l'automobile est aussi l'occasion de réaménager l'esplanade de la gare pour en faciliter son accès.

La gare de Rochefort dans les années 30 (coll. Luc FOURNIER)

 

Le bâtiment central, avec son entrée caractéristique surmontée d'un auvent en verre (coll. ADCM 24Fi51 - Tous droits réservés)

 

Malgré son statut de port militaire et sa position stratégique sur la façade Atlantique qui en fait un point d'appui important des troupes d'occupation allemandes durant la seconde guerre mondiale, Rochefort sera moins inquiétée que sa voisine rochelaise (qui abrite notamment une importante base sous-marine), et les installattions ferroviaires et portuaires sortiront de ces noires années sans trop de dommages.

Vue aérienne de la gare de Rochefort à la fin de la seconde guerre mondiale (coll. Luc FOURNIER)

 

Les années 80

Ville de moyenne importance, coinçée entre les deux grands pôles rochelais et saintais, Rochefort est restée un peu à l'écart des grands flux. Le port conserve une activité dans le commerce du bois, mais les importantes installations de La Palice lui portent ombrage. Aussi le trafic ferroviaire s'en ressent, et restera toujours très modeste en comparaison de La Rochelle ou Saintes, que ce soit côté voyageurs que côté fret.

Les installations tombent peu à peu en désuétude. celles de la gare sont simplifiées pour ne conserver que 3 voies à quai. Malgré tout, la gare bénéficie en 1988 d'un classement à l'inventaire des Monuments Historiques dans la foulée d'une rénovation préservant la beauté architecturale du bâtiment.

Le bâtiment voyageurs de Rochefort, côté ville : un bel exemple d'architecture années 20

 

Vue rapprochée du bâtiment voyageurs, à comparer avec les vues prises au milieu du 20ème siècle : le charme est intact !

 

Le corps principal, avec la belle verrière et les céramiques "art déco"

 

Détail de la façade

 

Vue générale de la gare de Rochefort, côté sud : seules trois voies à quai subsistent, mais la configuration des quais rappelle la configuration initiale à 5 voies

 

Vue rapprochée montrant la petite marquise adossée au bâtiment et couvrant les voies principales

 

Seule subsistance du glorieux passé : le poste d'aiguillage côté est (en direction de Bordeaux) qui contrôle les manoeuvres d'accès aux débords et à la zone portuaire

 

Les années 90

L'arrivée du TGV à La Rochelle en 1993 profite un peu à l'agglomération rochefortaise grâce à des correspondances organisées dans la capitale aunisienne. Rochefort peut également compter sur le trafic TER entre La Rochelle et Saintes, complétant heureusement la (très) faible trame des express Nantes-Bordeaux qui s'amenuise d'année en année.

Néanmoins, la professionalisation des Armées à la fin des années 90 porte un coup dur au trafic voyageurs rochefortais, avec la fermeture de la plupart des écoles d'application de la Marine et de l'Armée de l'air qui fournissaient la majeure partie du trafic, notamment en fin de week-end. De plus, ce trafic tend à être rabattu massivement vers Surgères par le biais de liaisons par autocars, ce qui permet des gains de temps et l'accès direct au TGV dans cette dernière gare. Et ce n'est pas la faible industrialisation du pays rochefortais qui peut compenser ce déclin, pas plus que le trafic de résidents secondaires ou de vacanciers qui transitent plutôt par La Rochelle (pour les stations balnéaires autour du pôle Chatelaillon-Fouras) ou directement par Angoulême et Saintes (pour la zone royannaise).

 

Rochefort à l'aube du 21ème siècle

Les installations ferroviaires rochefortaises se désertifient peu à peu. Si le trafic voyageurs reste correct malgré les menaces qui planent sur les liaisons Nantes-Bordeaux, l'avenir de la desserte ferroviaire de la ville reste assurée grâce à l'attractivité du secteur sud-Charente et aux liaisons entre La Rochelle et Saintes. La mise en oeuvre début 2005 du RVB entre La Rochelle et Rochefort constitue un signe fort de la volonté des autorités de maintenir vivant un trafic sur cette portion de ligne.

Néanmoins, La disparition programmée des liaisons directes Nantes-Bordeaux risque de reléguer définitivement Rochefort au rang de gare purement TER, les rochefortais n'ayant plus d'autre choix que des correspondances à La Rochelle ou Bordeaux pour des liaisons à grande distance (bien que cela soit plus ou moins déjà le cas aujourd'hui).

Côté fret, le RVB de début 2005 a été l'occasion de simplifier un peu plus des installations qui de toute façon ne servent plus depuis longtemps au trafic portuaire : les quelques voies encore actives ne sont plus utilisées que sporadiquement pour des expéditions ou réceptions depuis La Rochelle via une desserte facultative du lundi au vendredi, ou encore du stockage temporaire de trains des services de l'Equipement SNCF. Les voies de la zone portuaire finissent, quant à elles, de disparaître dans le bitume ou les herbes folles...