La Rochelle Ville |
Les origines
Le chemin de fer arrive à La Rochelle le 06 septembre 1857, à l'inauguration de la ligne venant de Poitiers. L'embarcadère de l'époque, dénommé La Rochelle-PO, est situé à proximité de l'actuelle gare, près du vieux port (à l'emplacement de l'actuel hôtel Mercure "Océanide"). Elle est alors en impasse. Cette inauguration revête une importance de premier ordre pour la capitale aunisienne, et donne lieu à trois jours de festivités ininterrompues du 04 au 06 septembre.
Lors de la construction de la ligne le long du littoral atlantique par la Compagnie des Charentes entre 1862 et 1871, une seconde gare est créée par cette compagnie lors de l'ouverture du tronçon La Roche sur Yon-La Rochelle : d'abord provisoire à son ouverture à l'exploitatoin le 17 juin 1872, l'embarcadère de La Rochelle-Charentes, situé au sud de la gare PO, prend sa forme définitive le 12 août 1875.
Durant la seconde moitié du 19ème siècle, la gare prend de l'ampleur avec le développement du trafic. Le rachat de la Compagnie des Charentes par l'Etat en 1878 permet un développement de l'axe Nantes-Bordeaux et la rationalisation du complexe ferroviaire rochelais, avec notamment une fusion des deux gares aboutissant à l'abandon de l'embarcadère de la Compagnie des Charentes.
En 1891, un raccordement ferroviaire permet de relier la gare de La Rochelle Ville au port de La Pallice.
Le vingtième siècle
Après la première guerre mondiale, le trafic redémarre rapidement, La Rochelle devenant un point d'entrée maritime pour l'aide matérielle apportée par les Etats-Unis. C'est ainsi que s'installe en gare un atelier de montage de wagons qui donnera naissance quelques années plus tard à ce qui est aujourd'hui l'une des plus importantes unités de construction ferroviaire française.
De par sa position ferroviaire stratégique, La Rochelle se voit par ailleurs doter d'un important dépôt sur le site de Bongraine, à la bifurcation des lignes vers Niort et Saintes : lancées au début du siècle, les études sont interrompues par le premier conflit mondial et les installations ne sont finalement mises en servive que le 1er avril 1923.
Bongraine restera dépôt titulaire jusque dans les années 60, abritant tout d'abord une importante cavalerie de locomotives de ligne avant de se reconvertir, après la seconde guerre mondiale, en important site diesel : La Rochelle sera ainsi l'un des premiers dépôts à héberger des X 3800 (les fameux "Picasso") ou encore les X 2800 à livrée vertes destinés au trafic Poitiers-La Rochelle (dénommé Aunis). Bongraine sera aussi, des années durant, la point de chute des célébres CC 65000.
Le dépôt fermera définitivement ses portes en 1979, non sans avoir assuré de belles prestations de rénovation pour le Musée Français du Chemin de Fer : les locomotives 122 "Continent" de la ligne Paris-Strasbourg et 241 P 16 de la SNCF sortiront ainsi des ateliers rochelais respectivement en 1963 et 1979.
Au début des années 20, le tourisme balnéaire et la vogue des bains de mer, déjà bien ancrés avant le conflit, reprennent de plus belle. La Rochelle, à la croisée de deux lignes (Nantes-Bordeaux et Poitiers-La Rochelle) voit son trafic croître de manière importante. Il est alors décidé de construire un nouveau bâtiment voyageurs.
La déclaration d'utilité publique est publiée le 24 mars 1906, et les travaux démarrent en 1909.
Les architectes du réseau de l'Etat voient grand, et sort alors de terre un monumental bâtiment dominé par un superbe campanile. Le premier conflit mondial interrompt le chantier : celui-ci ne reprend qu'en 1919. Le bâtiment est enfin achevé 3 ans plus tard, et inauguré en grandes pompes le 19 novembre 1922 par le Ministre des Travaux Publics de l'époque. La décoration intérieure est somptueuse, et fait appel à de grandes fresques comme il est de mode à cette époque.
Côté ville, le bâtiment fait face à une vaste esplanade de laquelle part un large boulevard bordé d'arbres, tandis que côté voies il s'adosse à une grande verrière qui couvre l'ensemble des quais sur une bonne partie de leur longueur.
En 1933, l'Etat interrompt le service voyageurs sur l'antenne de La Pallice, malgré les vives protestations des habitants de la cité habitués à utiliser ces liaisons pour leurs déplacements quotidiens depuis les quartiers périphériques nouvellement développés vers le centre ville. L'antenne de La Pallice se voit donc dédiée au trafic fret, et les stations sont démontées.
Les années 80
A la fin des années 80, les installations de La Rochelle Ville montrent le visage d'un passé glorieux qui n'est plus qu'un souvenir. Ces vastes installations restent en effet très sous-utilisées, notamment en raison de la faiblesse chronique du trafic fret et d'un trafic voyageurs qui peine à décoller face à la concurrence routière constituée par l'autoroute A10 qui permet de rejoindre le Vieux Port depuis la Capitale en à peine plus de 4 heures 30 (contre près de 5 heures en train).
Malgré le lancement des études du TGV Atlantique en 1981, l'optimisme n'est pas de rigueur puisqu'il n'est alors pas prévu d'électrifier la ligne Poitiers-La Rochelle, le taux de rentabilité de cet investissement étant jugé trop faible par la SNCF au regard des critères de l'époque. Les autorités locales, sentant que seule l'arrivée du TGV jusqu'à La Rochelle peut relancer fortement la fréquentation touristique et éviter un afflux automobile trop important, vont se lancer dès 1982 dans un intense lobbying en faveur de cette électrification.
Les années 90
Après une longue bataille de plus de 10 ans et la participation aux coûts des travaux, la ville de La Rochelle et le département de Charente Maritime sont récompensés de leurs efforts avec l'arrivée de la caténaire début 1993, précédant de quelques mois celle du TGV, qui entre pour la première fois sous la verrière de la gare rochelaise le 03 juillet suivant. Il ne faut plus alors que 2h51 au meilleur temps de parcours pour rejoindre la capitale.
Les travaux d'électrification ont été également l'occasion d'un important remaniement des installations entre la bifurcation de Tasdon (lignes Poitiers-La Rochelle et Nantes-Bordeaux) au sud, et la sortie nord de la gare (ligne Nantes-Bordeaux et embranchement vers le port de La Pallice). Accompagnant en cela les vastes opérations de réhabilitation immobilière lancées par la Communauté d'Agglomération de La Rochelle, la SNCF procède à la cession de nombreux terrains qui ne sont plus utilisés pour les activités ferroviaires.
Disparaissent ainsi la totalité des installations du triage sur le plateau de Bellevue (et du même coup le saut de mouton à travée métallique qui permettait aux trains de fret à destination de Nantes de franchir les voies principales pour redescendre en gare), ainsi que l'ancien dépôt de Bongraine, installé côté Est au niveau de la bifurcation de Tasdon. En ce qui concerne ce dernier, les bâtiments ont été cependant conservés, et ont fait l'objet d'importantes transformations :
![]() |
![]() |
|
|
![]() |
![]() |
|
|
Le plateau de Bellevue conserve, pour sa part, une vocation ferroviaire de premier plan. En effet, à la fin des années 90, ALSTOM remporte le contrat du TGV Corée. L'usine de La Rochelle est, comme pour tous les TGV, chargée de la réalisation du tronçon de remorques pour les 12 rames construites en France. La proximité du port de commerce rochelais de La Pallice permet une expédition directe des rames par bateau vers la Corée, aussi la Direction du groupe décide-t-elle, contrairement aux habitudes, de procéder à l'assemblage final des rames et à leurs essais non plus à Belfort, mais à La Rochelle.
L'usine ne disposant pas à l'époque d'une voie d'essai suffisamment longue (rappelons qu'une rame TGV Corée mesure plus de 400 m de long...) - qui plus est alimentée en 25 kV monophasé pour effectuer quelques tours de roues - et la voie d'essais du site d'Aytré étant déjà fort utilisée pour l'XTER et les premiers CITADIS, il est décidé de réaliser un nouveau centre d'essais dédié dans un premier temps au TGV Corée.
Le site est tout trouvé, en l'occurrence le plateau de Bellevue libéré par la SNCF. Celle-ci accepte alors de louer les terrains au groupe GEC ALSTHOM, et de réaliser pour lui les travaux de voies internes (2 voies d'essais dynamiques de 750 m et 1500 m, une voie d'essais statiques de 750 m et 4 voies sous bâtiment raccordées aux voies d'essais). Le site est embranché sur les voies principales, la SNCF conservant le droit d'entrée pour desservir l'EP de la société Grattecap (fabrication d'engrais).
L'investissement se monte alors à 20 millions de francs.
Le site ouvre ses portes en 1998. Au-delà du TGV Corée, il servira à de nombreux essais de mises au point des préséries de matériels construits à Aytré : XTER, ZTER, CITADIS. Il constitue également une zone de stockage en attente d'expédition maritime pour le TGV Corée, puis par la suite pour les rames automotrices destinées à Melbourne (expéditions par groupes de 3 à 4 rames).
Côté gare, les installations sont également fortement remaniées :
La Rochelle Ville à l'aube du 21ème siècle
A l'aube du 21ème siècle, la gare de La Rochelle dispose alors d'installations modernes et efficaces pour traiter un trafic voyageurs en hausse constante, notamment lors des fins de semaines.
Seul le bâtiment voyageurs n'a pas eû la chance de connaître une rénovation complète, pourtant rendue nécessaire pour faire face à l'augmentation du trafic et améliorer l'accueil des voyageurs. D'autant que la belle verrière a subit quelques dégâts consécutifs à la tempête du 27 décembre 1999.
Cependant, les crédits manquent et les travaux tardent à venir. Ils démarrent enfin début janvier 2000 avec le nettoyage complet de la façade côté ville, permettant une remise en valeur de ce superbe bâtiment. Achevés fin mars 2000 pour un coût global de 866 000 Frs, ils permettent à la gare de retrouver son cachet d'origine qui a fait sa réputation.
Suivent la remise en état des huisseries, ainsi que des fresques décoratives et des verrières du grand hall, le tout pour un coût de 4 millions de Frs.
![]() |
![]() |
Au printemps 2005, les espaces intérieurs du bâtiment voyageur ont subi une remise à niveau complète, permettant une belle mise en valeur de l'architecture de ce bâtiment. Par ailleurs en septembre, la marquise a vu ses verrières entiètrement déposées pour remplacement, celui-ci n'étant malheureusement pas encore programmé.
Gare
de La Rochelle : vue générale de la marquise
totalement "déshabillée"...
Gare de La Rochelle : vue de la
façade côté voies après son
nettoyage et la dépose des verrières de la
marquise
Gare
de La Rochelle : la dépose des verrières de la
marquise permet d'apprécier le beffroi sous un angle
totalement inédit...