La ligne Saintes-Royan

Présentation

La ligne Saintes-Royan s'embranche sur la grande radiale Nantes-Bordeaux, à quelques centaines de mètres au sud de la gare de Saintes.

 

 

 

La ligne est à voie unique, et le profil en long est plutôt favorable avec des déclivités n'excédant pas 10‰.

Le profil à plat est lui aussi favorable : la ligne est assez sinueuse, mais les courbes présentent des rayons importants autorisant des vitesses commerciales acceptables.

Seules deux gares sont encore ouvertes au trafic voyageurs : Saujon et Royan. Par ailleurs, la gare de Pisany peut être utilisée pour les croisements, moyennant la présence d'un agent pour assurer la sécurité.

 

Les origines

La Compagnie du Chemin de Fer de la Seudre est formée le 09 mai 1867, avec comme objectif de relier Royan au réseau ferré national. La compagnie dépose alors une demande de concession pour une ligne reliant Pons (sur l'itinéraire Nantes-La Rochelle-Bordeaux) à Saujon et Royan, permettant ainsi une desserte de cette dernière depuis Paris comme depuis Bordeaux.

Déclarée d'utilité publique le 15 janvier 1873, la ligne Pons-Saujon-La Tremblade/Royan est construite en trois ans et inaugurée :

Au début du 20ème siècle, l'Etat décide cependant de relier les deux villes de Saintes et Royan de manière directe, clôturant au passage l'itinéraire principal reliant Paris à Royan via Chartres, Saumur, Thouars, Niort et Saintes : l'ouverture à l'exploitation de la ligne a lieu le 1er juillet 1912.

L'itinéraire est alors à double voie de bout en bout entre Saintes et Royan.

Royan devient rapidement une station balnéaire à la mode, et le trafic ferroviaire profite de cette notoriété à moins de 7 heures de trajet de Paris (par train rapide, le trajet en train express demandant entre 9 et 11 heures) et à peine 2 heures de Bordeaux (par train direct). Dès le début du 20ème siècle, l'Etat propose même des billets et cartes de réductions (valables de 1 à 6 mois) dits "bains de mer", au départ de Paris mais aussi des principales gares de Charente Inférieure. Des billets excursions sont aussi proposés vers Royan, La Tremblade/Ronce les Bains, Le Chapus, Marennes ou le Château d'Oléron (sur l'île du même nom).

La crise économique, annonciatrice du second conflit mondial, sera cependant fatale au trafic voyageurs local. Ainsi, le tronçon Pons-Saujon-La Tremblade-La Grève est fermé au trafic voyageurs le 15 mai 1939.

Côté fret, l'antenne Pons-Saujon ferme au trafic fret le 26 septembre 1976 entre Pons et Gémozac, la ligne étant deferrée quelques années plus tard sur cette portion. Seul subsiste alors un trafic diffus entre Gémozac et Saujon.

 

La belle au bois dormant

Ayant subi d'importantes destructions à la fin de la seconde guerre mondiale suite à la résistance acharnée des troupes allemandes dans la poche de Royan, la ligne est fermée au trafic durant plusieurs mois après la fin des hostilités en mai 1945.

Malgré l'attractivité de la station balnéaire royannaise, la liaison ferroviaire, une fois réouverte, peine à retrouver l'activité qui était la sienne avant le conflit, et dès le début des années 50 il est décidé de la mettre en voie unique avec deux points de croisement à Pisany et Saujon.

Le trafic voyageurs reste cependant soutenu en week-end et haute saison d'été, avec des trains directs diurnes et nocturnes depuis Paris Austerlitz via La Rochelle ou via Angoulême. La construction de l'autoroute A10 va néanmoins éroder fortement le trafic au début des années 80, en permettant de rejoindre Royan depuis la capitale en un peu plus de 5 heures, soit l'équivalent des meilleurs temps de parcours ferroviaires de l'époque (correspondance à Angoulême avec le train Le Drapeau, V200 Paris-Bordeaux).

La ligne tombe alors dans un demi-sommeil, dont elle ne sortira qu'au début des années 90 avec l'arrivée du TGV (à Angoulême tout d'abord en 1990, puis à Niort en 1993).

 

Le prince charmant TGV

Des correspondances attractives sont alors établies à Angoulême et Niort, permettant de retrouver des temps de parcours depuis Paris compétitifs par rapport à l'automobile (environ 3h45).

Le passage des liaisons Angoulême-Royan et Niort-Royan sous couvert du conventionnement TER géré par la Région Poitou-Charentes permet alors de dynamiser le trafic, avec notamment l'introduction de matériels rapides et confortables sur ces liaisons (X2200 modernisés et X72500).

A cette occasion, des améliorations sont également apportées à l'accueil en gare, avec rénovations légères des gares de Saujon et Royan : ravalement des façades, rénovation des peintures intérieures, changement ou réparation des huisseries, renouvellement du mobilier et de la signalétique. Le coût est supporté à 75% par la Région Poitou-Charentes, et à 25% par la SNCF.

A noter que subsistent encore actuellement en haute saison d'été (juillet-août) des trains directs au départ de Paris Austerlitz via Angoulême. Ces trains circulent à raison d'une liaison nocturne Paris-Royan les vendredi soir, avec retour le dimanche soir, et d'un à deux aller-retours diurnes quotidiens.

 

Fret en panne

Si le trafic voyageurs a redémarré dans les années 90 grâce au TGV et à l'appui financier de la Région Poitou-Charentes, le trafic fret a pour sa part quasiment disparu. Seuls subsistent quelques trains complets de céréales à destination du port de La Rochelle-Pallice.

Il faut ici rappeler que la ligne voyait passer, notamment lors des semaines précédent les fêtes de fin d'année, un fort trafic d'expédition d'huîtres en provenance du bassin de Marennes-Oléron, via l'antenne Saujon-La Tremblade. La concurrence routière a cependant eût raison de ce trafic dans les années 80 : la desserte fret cesse toute activité sur la courte section La Tremblade-La Grève le 26 septembre 1976, la desserte de La Tremblade depuis Saujon prenant fin, quant à elle, le 1er juin 1980.

 

L'équipement de la ligne

La ligne Saintes-Royan bénéficie d'un armement plutôt ancien.

La ligne comporte deux embranchements :

Les vitesses limites sont tout à fait correctes, puisque les 120 km/h sont praticables de Saintes à Saujon, la vitesse limite chutant à 100 km/h au-delà vers Royan.

Côté signalisation, le Bloc Manuel Unifié de Voie Unique (BMU-VU) a remplacé en 1987 le cantonnement téléphonique.

Seules les gares de Saintes, Saujon et Royan assurent la sécurité en semaine. La gare de Pisany peut être ouverte à la sécurité pour augmenter le débit de la ligne : cette possibilité est notamment utilisée le vendredi après-midi pour absorber les nombreux TER supplémentaires donnant correspondances aux TGV à Niort, ainsi que tous les jours en haute saison estivale (juillet-août).

 

Situation actuelle sur le Département de Charente Maritime

Le plan ci-dessous donne le détail de la ligne. Cliquez sur les zones sensibles pour accéder aux pages spécifiques.

 

 

Le futur

Actuellement, aucun projet d'envergure n'est prévu concernant la ligne Saintes-Royan.

L'expérimentation du TGV prolongé de Nantes aux Sables d'Olonne en traction diesel avait donné des idées au autorités régionales, et il a été sérieusement question à un moment que les trois CC 72000 libérées de cette liaison lors de l'abandon du service direct Paris-Les Sables d'Olonne fin 2004 ne restent pas inutilisés bien longtemps. Il s'agissait alors de tracer des TGV directs Paris-Royan via Niort et Saintes. La mise en place de cette liaison aurait nécessité la réalisation de travaux en gare de Royan (notamment la mise en place d'un coupon de caténaire pour assurer le pré-conditionnement des rames TGV). Cela aurait pu également être l'occasion d'améliorer les infrastructures existantes (voie, signalisation)... Cependant, l'expérience financièrement malheureuse du TGV Vendée et le changement de majorité régionale au printemps 2004 ont eû raison de ce projet qui risquait bien de grever fortement les finances départementales et régionales pour un gain somme toute bien aléatoire.

En attendant, la ligne Saintes-Royan continuera d'accueillir un trafic TER important, notamment le week-end où de nombreux touristes apprécient de pouvoir bénéficier de l'air iodé et du soleil charentais à moins de 4 heures de la capitale.

 

Post-scriptum : un touristique à découvrir

Lorsque, dans les années 80, l'antenne Saujon-La Tremblade est fermée à tout trafic avec le transfert sur route des derniers trafics fret (notamment les expéditions massives d'huîtres), une poignée de passionnés de la région décide de se battre pour sauvegarder cette belle ligne qui suit la vallée de la Seudre, et de la transformer en chemin de fer touristique.

20 ans plus tard, le pari est gagné puisque, après quelques déboires, le Conseil Général de Charente Maritime a décidé de reprendre les choses en main pour valoriser cet outil touristique incomparable. L'exploitation a été confiée à Connex Tradition depuis 2003 sous l'appellation de Train des Mouettes. Chaque année en période estivale (le week-end d'avril à juin et en septembre-octobre, tous les jours en juillet-août), il emmène, au départ de Saujon, de nombreux touristes à la découverte de la vallée de la Seudre et du bassin ostréicole de Marennes-Oléron. Pour en savoir plus, cliquez ci-dessous :

Le Train des Mouettes

Si vous passez dans la région en été, n'hésitez pas à vous offrir une ballade en TTPV (Train à Très Petite Vitesse...) sur cette charmante ligne ! En attendant, vous trouverez un avant-goût de ce qui vous attend ici >>> Ballade sur les bords de Seudre